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Séminaire de Paris sur le processus d’adhésion à l’Union européenne

Intervention de M. Jean-Claude Trichet,
Président de la Banque centrale européenne,
à l’occasion du dîner d’ouverture,
Paris, le 4 mars 2004.

Chers collègues, chers amis représentants des banques centrales, Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de vous adresser quelques mots, ce soir, à la veille d'un événement fondateur dans l'histoire de l'Europe. Dans moins de deux mois, l'Union européenne aura mené à son terme le plus vaste élargissement de son histoire. Ce qui était au départ une Communauté de six pays d'Europe de l'Ouest sera devenu une Union à vingt-cinq, regroupant quelque 450 millions de citoyens.

Cet élargissement sera le plus ample de l'histoire européenne, non seulement en raison du nombre de nouveaux États membres, mais également de par sa portée historique. Il y aura, demain, exactement 58 ans que Winston Churchill a prononcé le célèbre discours de Fulton, dans l'État du Missouri, au cours duquel il évoqua le rideau de fer qui était tombé sur l'Europe et la divisait. Aujourd'hui, non seulement ce rideau a été emporté, mais l'édifice érigé consciencieusement d'un côté est étendu pour accueillir ceux qui s'étaient retrouvés de l'autre côté. Les États de l'Est vont enfin rejoindre ceux de l'Ouest en tant qu'États membres d'une seule et même Union européenne.

En tant que banquiers centraux européens, notre destin est intimement lié avec celui du continent. À l'heure où l'Europe se reconstruit et s'unit, nous en renforçons et unifions les fondations monétaires. Une monnaie unique et un Système européen de banques centrales (SEBC) ont déjà vu le jour. Ce faisant, nous assurons la stabilité monétaire qui a le plus souvent manqué à l'Europe au cours du siècle écoulé. Mais il nous revient encore d'intégrer complètement les nouveaux États membres dans notre zone monétaire commune. Il s'agit là d'un véritable défi. Un défi car nous devons veiller à ce que ce processus se déroule harmonieusement et ne mette pas en danger la stabilité monétaire que nous devons garantir aux citoyens européens. Un défi également du point de vue logistique.

L'élargissement de la zone euro est avant tout un défi posé aux nouveaux États membres désireux d'y adhérer. Si je puis m'adresser directement à ceux d'entre nous qui représentent les pays adhérents, je dirais que le défi auquel vous êtes confrontés est de préparer vos économies à vivre de manière permanente au sein de l'Union économique et monétaire (UEM).

À cet égard, il ne faut pas perdre de vue les nombreux progrès déjà réalisés, en particulier dans les pays qui ont dû assurer la transition d'une économie planifiée à une économie de marché. Le fait que ce vaste élargissement de l'Union européenne devienne effectif dans moins de deux mois témoigne du chemin que vous avez parcouru. Vous avez rempli les « critères de Copenhague ». Vos démocraties sont stables. Vos économies fonctionnent selon les principes et règles de marché. Vous avez adopté l'acquis communautaire.

Il n'est pas temps, cependant, de se reposer sur ses lauriers. Après avoir parcouru le chemin tracé à Copenhague, il faut poursuivre la route, la route tracée à Maastricht. Le long de cette route, le mot d'ordre est « stabilité ». Pour les banques centrales, cela commande de maintenir la stabilité des prix et de préserver la stabilité financière. Pour les gouvernements, cela demande de poursuivre des politiques économiques axées sur la stabilité et, en particulier, des politiques budgétaires saines. Globalement, ces efforts doivent conduire à un niveau élevé de convergence durable, caractérisée par la réalisation des critères de convergence de Maastricht. Ces efforts doivent, dans le même temps, être accomplis dans le contexte d'un processus parallèle de convergence réelle des structures économiques et des niveaux de revenus.

Nous savons tous que la tâche ne sera pas aisée. La route conduisant à l'euro sera longue et exigeante. Mais au moins cette route a-t-elle déjà été empruntée auparavant. Et l'expérience de ceux qui l'ont déjà parcourue vous sera profitable. Nous pouvons également, au sein de l'Eurosystème, vous aider en assurant que les bons repères sont présents le long de la route. Nous avons publié en décembre une position de principe du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne concernant les questions de taux de change relatives aux pays adhérents. Dans ce document, sont définis les principes qui, à nos yeux, doivent guider la participation au MCE II et l'adoption de l'euro. Je ne vais pas, ici, vous en faire la synthèse, car le sujet sera certainement abordé demain. Je voudrais dire simplement qu'il reflète les efforts constants de la part du Conseil des gouverneurs en vue de conduire le processus d'intégration monétaire de manière appropriée.

La gestion de ce processus n'est bien entendu pas notre unique mission. Nous devrons aussi, de notre côté, être prêts à vous accueillir, le moment venu. Cet objectif a été, et demeure, un défi pour la BCE et le SEBC. Il s'agit d'être prêt, tout d'abord, à l'élargissement de l'Union européenne et, ensuite, à l'élargissement de la zone euro. Le cadre opérationnel, l'infrastructure informatique, TARGET, je pourrais poursuivre la liste. Tout devra être prêt lorsque vous serez en mesure de nous rejoindre.

Je puis vous assurer que nous ne sous-estimons pas l'ampleur de la tâche. Sachez en outre que nous avons déjà relevé avec succès pareils défis logistiques. Préalablement à l'introduction de l'euro, l'Institut monétaire européen - auquel la BCE a succédé - avait établi un Schéma directeur. Ce schéma définissait les travaux préparatoires à mener dans les domaines réglementaire, organisationnel et logistique afin que le SEBC puisse remplir ses missions au cours de la phase III de l'UEM. Suivant cet exemple, nous avons élaboré un nouveau Schéma directeur l'année dernière, baptisé « Schéma directeur pour l'élargissement » et censé encadrer l'ensemble des activités devant être conduites en vue de l'élargissement du SEBC, dans un premier temps, et de la zone euro dans un second temps.

Les choses sont bien engagées, et cela depuis un certain temps. La coopération entre les banques centrales de l'Eurosystème et leurs homologues des pays adhérents ou en voie d'accession est très étroite depuis plusieurs années. Des réunions, des visites et des échanges ont été organisés régulièrement pour couvrir les aspects politiques et techniques touchant à l'ensemble des activités de banque centrale. Je me suis laissé dire que plus de 1 000 « activités de coopération entre banques centrales » se sont déroulées ces quatre dernières années.

Depuis le début, l'Eurosystème n'a pas ménagé ses efforts de soutien au processus d'élargissement en vue d'en assurer le succès. C'est pourquoi nous avons décidé, dès 1999, d'organiser un séminaire réunissant les gouverneurs et hauts représentants du SEBC et des banques centrales des pays alors encore tous « en voie d'accession ». Depuis, nous nous sommes rencontrés chaque année. Au fil des ans, ces séminaires ont constitué un forum extrêmement précieux de dialogue sur les questions monétaires, financières et de taux de change que posent l'élargissement. Ils ont également permis à la BCE et à l'Eurosystème de développer et présenter leurs vues et, ce faisant, comme je le mentionnais voilà un instant, de conduire le processus de manière appropriée.

Après Helsinki, Vienne, Berlin et Genval, c'est un grand honneur pour moi de vous accueillir à Paris pour notre cinquième séminaire sur le processus d'adhésion à l'Union européenne. Ma joie est d'autant plus grande que ce séminaire sera le dernier. Je ne dis pas cela parce que je n'apprécie pas ces rendez-vous. Ou parce que je ne me réjouis pas d'être ou d'avoir été en votre compagnie dans ces villes merveilleuses. Ou encore parce que mon intérêt pour le processus d'adhésion s'est estompé. Bien au contraire ! La seule raison de me réjouir est que pour dix des douze pays adhérents ou en voie d'accession, le processus d'adhésion à l'Union européenne est à présenté achevé. À compter du 1er mai prochain, les dix banques centrales des pays adhérents seront partie intégrante du SEBC, feront partie de la même équipe monétaire. Depuis mai dernier, les gouverneurs de ces institutions participent, en qualité d'observateurs, aux réunions du Conseil général. Les experts respectifs des pays adhérents participent aux réunions des comités du SEBC. Vous faites déjà partie de l'équipe. Et je forme des vœux pour que ceux parmi vous qui représentent les pays en voie d'accession rejoignent également notre équipe dans un avenir proche.

Chers membres et futurs membres de notre équipe, Mesdames et Messieurs,

À la veille de ce moment exceptionnel dans l'histoire de l'Europe, je lève mon verre à votre santé et me réjouis des échanges que nous pourrons avoir au cours de notre séminaire sur le processus d'adhésion à l'Union européenne.

Je vous remercie.

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