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Séminaire euro-méditerranéen Banques centrales de l'Eurosystème et des pays de la région méditerranéenne

Discours de bienvenue de
Jean-Claude Trichet,
Président de la Banque centrale européenne,
le 15 January 2004

Monsieur le ministre des Affaires européennes, Mesdames et Messieurs les membres du Parlement italien, Monsieur le président de la Région, Monsieur le maire, Éminence, chers collègues gouverneurs, Mesdames et Messieurs,

Je vous souhaite de tout cœur la bienvenue à ce premier séminaire euro-méditerranéen des banques centrales. De nombreux gouverneurs de banque centrale des pays méditerranéens n’appartenant pas à la zone euro se sont joints à ceux des banques centrales nationales de l’Eurosystème, et j’en suis très heureux.

Cette manifestation traduit la volonté de l’Eurosystème de conduire un dialogue régulier et dynamique avec les banques centrales nationales des pays méditerranéens. Cette initiative illustre également le fait que l’Eurosystème constitue une véritable équipe. C’est dans cet esprit que nous avons demandé à la Banca d’Italia d’accueillir ce séminaire et je voudrais remercier le gouverneur Fazio d’avoir répondu favorablement, d’avoir co-organisé ce séminaire avec la BCE et, bien sûr, d’avoir choisi la ville de Naples. Peu d’autres villes en Italie, voire en Europe, se seraient mieux prêtées à l’accueil de cette manifestation. Depuis sa fondation par des colons grecs jusqu’à ce jour, la ville de Naples a conservé l’empreinte des multiples cultures qui ont vu le jour en Europe et dans le bassin méditerranéen. Par là même, ce site est véritablement unique.

Notre réunion, ici, à Naples, est à la fois une véritable nouveauté et le signe d’une continuité.

De nombreux forums et colloques, vous le savez, réunissent des représentants des pays méditerranéens et de l’Union européenne pour discuter des questions économiques et financières. Ces réunions se déroulent dans le cadre du processus de Barcelone, lancé en 1995 afin de promouvoir, dans plusieurs domaines, la coopération entre les rives septentrionale, méridionale et orientale de la Méditerranée. L’Union européenne et douze pays partenaires de la Méditerranée y participent. Jusqu’ici, cependant, les questions liées aux activités de banque centrale n’ont pas été au cœur des débats et les banquiers centraux des deux régions ne disposent d’aucune plate-forme multilatérale pour échanger leurs points de vue.

Ce séminaire de haut niveau ainsi que l’atelier qui s’est tenu à Francfort en octobre de l’année dernière ne ressortissent pas officiellement au processus de Barcelone. Il s’agit de manifestations organisées par des banques centrales pour des banques centrales. Elles comblent un vide dans le réseau des relations institutionnelles avec les pays méditerranéens et au sein de ces pays. Je suis convaincu que ces manifestations enrichiront et parferont utilement le dialogue relatif aux questions économiques, monétaires et financières.

Si ce dialogue pan-méditerranéen entre banques centrales est une nouveauté, le concept même de relations entre l’Eurosystème et les banques centrales dans le monde, lui, ne l’est pas. Ce séminaire traduit donc la volonté persistante de l’Eurosystème d’accorder une grande importance aux contacts internationaux et aux échanges de vues avec d’autres banques centrales. Nous souhaitons vivement, dans le domaine de nos relations internationales, établir des réseaux de contacts entre banques centrales au niveau régional et partager nos expériences au sein de ces réseaux dans la mesure où celles-ci sont pertinentes pour cette région. Dans cet esprit, la BCE et de nombreuses banques centrales nationales de l’Eurosystème ont organisé des réunions de haut niveau avec les gouverneurs des banques centrales des douze pays adhérents ou en voie d’adhésion et les banques centrales d’Amérique latine et d’Asie de l’Est. Nous projetons d’ores et déjà des manifestations similaires avec d’autres pays voisins, tels que la Russie.

Permettez-moi de vous dire brièvement ce qui a incité l’Eurosystème à se tourner vers ses voisins du Sud et à prendre l’initiative d’organiser ce séminaire et l’atelier qui lui a précédé en octobre.

  • D’une part, les liens économiques et financiers étroits ainsi que les interdépendances qui existent entre l’Union européenne et les côtes méridionale et orientale de la Méditerranée sont un élément majeur. L’histoire et la géographie de la région ne sont pas la moindre explication de la profondeur de ces liens économiques et financiers, qui feront l’objet d’un examen minutieux dans la première partie de ce séminaire. De nombreuses personnes prévoient un renforcement de ces liens à l’avenir, en particulier sous l’effet des accords d’association conclus avec l’Union européenne et de l’objectif ambitieux d’instaurer une zone de libre échange euro-méditerranéenne d’ici à 2010. En outre, avec l’adhésion à l’Union de Chypre et de Malte en mai 2004, et compte tenu du statut de pays candidat de la Turquie - une décision des chefs d’État ou de gouvernement relative à l’ouverture de négociations d’adhésion étant attendue au mois de décembre de cette année -, les liens avec les voisins méditerranéens de l’Union européenne sont devenus plus importants.

  • D’autre part, la région Méditerranée se trouve confrontée à de sérieux défis économiques. Le nombre élevé de chômeurs, conjugué dans certains cas à la pauvreté, est probablement le défi le plus pressant. Rarement inférieurs à 10 % dans la région, les taux de chômage excèdent 20 % dans certains pays, ce qui pousse également les populations à émigrer. Les difficultés de la région à attirer les investissements directs étrangers (IDE) est flagrante. Malgré la proximité géographique, moins de 2 % des investissements directs à l’étranger effectués par l’Union européenne sont réalisés dans la région méditerranéenne, contre 4,4 % dans les douze pays adhérents ou en voie d’adhésion, 7,8 % en Asie du Sud-Est, voire 10 % en Amérique latine. La très faible intégration économique au sein même de la région est également frappante. Ainsi, en moyenne, les échanges intra-régionaux ne représentent pas plus de 5 % des échanges extérieurs des pays méditerranéens. Je suis persuadé que le fait de relever ces défis n’est pas uniquement de l’intérêt de chaque pays concerné, mais constituerait également un ferment de paix, de stabilité et de prospérité dans cette région, autant d’éléments cruciaux pour l’ensemble de la région Méditerranée et pour l’Union européenne, son très proche partenaire.

Selon moi, de tels liens et défis économiques et financiers revêtent une dimension qui concerne l’activité de banque centrale. De fait, les banques centrales jouent un rôle fondamental en matière de gestion macroéconomique et dans le secteur financier. Cette dimension liée à l’activité de banque centrale s’est d’ailleurs renforcée depuis l’introduction de l’euro en tant que monnaie unique dans douze États membres de l’Union européenne. Il paraît bien normal que l’euro ait une incidence sur les pays méditerranéens, compte tenu des liens économiques et financiers et de la proximité géographique des deux régions. L’analyse de cette incidence pourrait constituer l’un des thèmes passionnants de ce séminaire. Elle fera l’objet d’une discussion au cours de la session consacrée aux relations économiques et financières, puis de celles qui suivront sur les politiques de taux de change et le secteur financier.

Plus généralement, l’échange de nos expériences concernant la politique monétaire et la stabilité du secteur financier serait très profitable, particulièrement en fonction de la grande hétérogénéité des pays méditerranéens et de leurs économies. Au nombre des questions qui méritent réflexion dans un contexte régional, j’en vois deux très importantes pour la région. En premier lieu, la diversité des régimes de taux de change en vigueur pendant les dernières décennies dans la région et leur incidence sur la stabilisation macroéconomique, qui a fortement progressé ; en second lieu, les expériences réalisées en matière de libéralisation progressive des balances des opérations en capital et l’évolution du secteur financier.

Dans ce contexte, l’Eurosystème a estimé qu’il était intéressant d’organiser ce séminaire de haut niveau. Plusieurs rencontres bilatérales réunissant, au cours des deux dernières années, des experts de l’Eurosystème et des différentes banques centrales de la région nous ont également confortés dans cette décision. L’atelier qui a précédé ce séminaire et qui a eu lieu en octobre dernier à Francfort a été une réelle incitation également. Tous les participants l’ont qualifié d’expérience extrêmement intéressante et enrichissante. Ces nombreuses activités, organisées ces deux dernières années, ont constitué le travail préparatoire au séminaire qui s’ouvre aujourd’hui, non seulement en termes de préparation analytique mais également dans l’établissement de relations bilatérales entre nos banques centrales. Je voudrais profiter de l’occasion qui m’est donnée pour remercier tous ceux qui, dans nos institutions partenaires à travers l’ensemble de la région méditerranéenne, ont contribué au développement et à la concrétisation de ce dialogue euro-méditerranéen entre banques centrales et qui ont œuvré en faveur de ce projet. Sans eux, cette manifestation n’aurait pu avoir lieu.

Quels sont, de notre point de vue, les objectifs de ce séminaire ?

  • Premièrement, il doit constituer une plate-forme où les banques centrales de la région méditerranéenne et de l’Eurosystème échangent leurs points de vues. Ce séminaire doit permettre à l’Eurosystème d’approfondir sa connaissance des économies de ses voisins méditerranéens et fournir aux banques centrales de la région l’occasion de se familiariser davantage avec l’Eurosystème.

  • Deuxièmement, ce séminaire n’est pas appelé à avoir vécu après cette première expérience. Nous pensons que le potentiel existe pour un dialogue régulier et actif dans la région. Grâce à ce séminaire, la possibilité nous est donc offerte d’étudier plus avant quels pourraient être les contours d’une future coopération.

  • Le troisième objectif, et non le moindre, est d’offrir une possibilité unique de renforcer les liens professionnels et personnels entre l’ensemble des banquiers centraux de la région. Certaines de ses composantes sont hantées par les conflits, qui affectent les économies. Raison de plus, je crois, pour que les banquiers centraux que nous sommes développent des relations professionnelles et promeuvent un dialogue dynamique et constructif.

Je nous encourage tous à saisir au mieux cette occasion en participant activement à ce séminaire et en apportant des contributions franches et ouvertes. Je me réjouis à l’avance de nos discussions.

Je vous remercie, Mesdames, Messieurs, de votre attention.

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